Le coût de l’errance médicale quand on est une femme

Quand ton corps parle, que personne ne comprend mais que tu paies quand même

Il y a quelques semaines, une cliente m’a demandé qu’on revoit ensemble ses versements mensuels sur son assurance vie. Pas pour financer un projet immobilier, ou pour mettre de côté un peu plus face à l’inflation. Non. Elle voulait réduire ses versements parce qu’elle doit commencer un nouveau traitement à 150 € par mois.

Un traitement “à essayer”, pour l’aider à perdre du poids et voir si cela atténue ses symptômes qu’aucun médecin n’a pu expliquer jusqu’à présent. C’est elle qui m’a soufflé l’idée de cet article (on avait déjà parlé santé féminine ici).

Parce que ce qu’elle vit, c’est le quotidien de beaucoup de femmes : payer pour avoir une chance d’aller mieux, quand la médecine ne sait pas quoi faire d’elles.

Elles testent, tâtonnent, consultent, cherchent des réponses qu’on tarde à leur donner. D’après une étude OpinionWay pour MedInTechs, 54 % d’entre elles expriment même une anxiété ou une dépression liée aux délais et à l’incertitude du diagnostique.

Et cette errance médicale, au-delà de la fatigue qu’elle provoque, a un coût bien réel. Un coût financier, mental, et professionnel.

Des symptômes diffus, des diagnostics qui traînent

Ce n’est pas forcément spectaculaire. Ce sont des douleurs cycliques, de la fatigue chronique, des troubles digestifs qu’on ne comprend pas, un dérèglement hormonal “probablement dû au stress”.

Ce sont des règles invalidantes, des migraines qui collent au lit trois jours par mois, des sensations de brûlure, des syndromes prémenstruels, et j’en passe.
Mais comme ça ne rentre dans aucune case, on vous dit que c’est normal. Qu’il faut attendre. Respirer. Refaire un bilan dans six mois.

Et alors commence le vrai parcours de santé : celui qu’on traverse seule, carte vitale et CB en main, avec ChatGPT comme meilleur ami.
Médecin généraliste → gynéco → écho pelvienne → endocrino → rien à signaler.
Alors on recommence. Même trajet, mêmes phrases. Parfois un peu moins d’écoute, parfois un peu plus de culpabilité.

Entre-temps, les symptômes sont toujours là. Et on s’habitue.
À vivre avec des douleurs qu’on ne comprend pas. À entendre qu’on est “hypersensible”, “anxieuse”, “probablement en pré-ménopause” (à 29 ans).

Ce flou médical, ce trou noir du diagnostic, ce n’est pas qu’un inconfort : c’est un délai. Et ce délai, c’est de l’énergie perdue, des symptômes qui s’aggravent, et des frais qui s’accumulent, petit à petit.

Les consults à la chaîne = un budget sans fin

Quand on ne met pas de mots sur ce qu’on vit, on finit souvent par mettre des euros dessus.

C’est rarement prévu dans le budget, mais très vite, ça devient une ligne à part entière : une consultation par-ci, une prise de sang par-là, un deuxième avis, un “juste pour être sûre”.

Et bien sûr, tout n’est pas remboursé. Loin de là:

  • Un.e gynéco de secteur 2 ? 90 €, remboursés à 30 %.

  • Un.e ostéopathe pour soulager ? 60 € de ta poche.

  • Une séance de psy entre deux IRM ? 60 à 80 €, parfois plus.

Et comme le système ne donne pas de réponses claires, on multiplie les pistes :

  • médecines douces

  • appli de suivi de cycle

  • compléments alimentaires

  • nutritionniste “spécialisée femmes”

  • naturopathe

  • coach en cycle menstruel

  • réflexologue

  • acupunctrice

  • l’avis médical à l’étranger (cette piste là peut faire très mal au portefeuille).

Chacune coûte entre 50 et 120 €, rarement remboursée.

Mais quand on souffre, on essaie. On teste. On tente tout ce qu’on peut se permettre, quitte à couper ailleurs dans le budget : sur ses loisirs, ses projets, voire son épargne.

Sur une année, le budget errance médicale peut facilement dépasser les 600 à 1 000 €, voire plus. Et encore, c’est sans compter le temps passé à chercher les bons praticiens, à annuler des réunions pour un créneau dispo à 11h15, à traverser la ville pour la gynéco recommandée sur un forum.

Les coûts cachés

On lit des livres, on teste des applis dans leur version payante (ce n’est que 3.99€/mois), on fait des soins non plus pour le bien-être ou se faire plaisir, mais “pour tenir” ou faire face : sophrologie, massages, atelier d’écriture thérapeutique.

Mais ça, ça se voit sur le relevé de compte, ça se traque.

D’ailleurs, il y a quelques années, j’avais été surprise que ma banquière me propose une sorte de surcomplémentaire pour couvrir les frais de parapharmacie. Elle avait vu que les dépenses en pharmacie avaient nettement augmenté (merci aux nouveau-nés et au coût de leur liniment à compo clean!). Je referme cette parenthèse ici!

Ce qu’on ne voit pas sur les relevés de compte, c’est tout ce que coûte l’errance médicale en dehors des factures.

Le temps, d’abord

Des heures à appeler des secrétariats, à patienter pour un créneau dispo dans deux mois, à faire la queue pour des examens. Des demi-journées entières posées en rendez-vous médical, et des jours entiers à réorganiser, et à compenser son absence.

Sur une année, ça peut représenter plus d’une semaine de travail perdue.

L’impact sur la carrière

Refuser un poste plus exigeant, parce qu’on sait qu’on ne tiendra pas physiquement ou qu’on a peur de faire faux-bon à certains moments cruciaux. Hésiter à parler de son “état” à sa hiérarchie, de peur d’être perçue comme fragile.

Ou manquer les dej et les pauses cafés, qui sont clairement les moments où les décisions se prennent, parce qu’on joue à Miss Marple qui remonte la piste de ses symptômes mystérieux.

Le coût émotionnel

Être baladée de médecin en spécialiste sans réponse, c’est se demander si on exagère ou on somatise.

C’est devoir raconter à chaque nouveau praticien son parcours, son historique. C’est vivre avec la sensation de devoir se débrouiller seule.

Et, on en fait quoi ?

On ne va pas régler la question de l’errance médicale féminine avec un tableur. Mais on peut au moins la nommer.

Oui, c’est une charge physique, mentale, et financière.
Oui, elle est déséquilibrée, parce que la majorité des pathologies liées au cycle, à la douleur chronique ou aux désordres hormonaux pour ne citer qu’eux, concernent des femmes.
Et non, ce n’est pas une question de “confort” (spéciale dédicace au pharmacien qui ne comprenait pas pourquoi j’avais une contraception en continue: “pfff, aujourd’hui on peut même choisir de ne plus avoir de règles!”).

Alors concrètement, que faire d’un point de vue financier ?

  • Budgétiser ce poste pour garder le contrôle : prévoir une ligne “hors remboursement sécu/mutuelle et à côtés”, même modeste, pour ne pas rajouter une trop grosse charge financière au fardeau déjà bien lourd.

  • En parler à son conseiller bancaire ou patrimonial : des ajustements ou des arbitrages sont à effectuer.

Pour aller plus loin

Deux ressources à découvrir:

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