Prêts participatifs aux entreprises : retour d'expérience

5 ans plus tard : Investissement dans l'économie réelle, horizon d'investissement court terme et rendement cible brut annuel supérieur à 10%

La rentrée est bientôt là, pourquoi ne pas faire un petit bilan avant de reprendre la course le nez dans le guidon. L’année dernière on avait fait cet exercice.

Aujourd’hui, je te propose une autre forme de bilan puisqu’il s’agit de revenir sur une expérience d’investissement perso: le prêt aux entreprises via financement participatif encore appelé crowdlending.

Cela fait quasiment 5 ans que j’ai commencé à investir par ce biais. Les horizons d’investissement étaient de 60 mois max. Il est donc grand temps d’en faire un bilan à ce stade.

🚨 Le contenu qui suit n’est pas sponsorisé, ne contient pas de liens de parrainage, et n’est pas une incitation à investir. C’est un simple partage d’expérience😎.

Au programme :

🧐Le crowdlending en clair
🦖​​ Mon REX
💡 Bonne ou mauvaise idée ?

​​📖​ Crowdlending, késako ?

Nous l’avions déjà évoqué par . Le crowdlending, ou prêt participatif, permet à des investisseurs privés (mais aussi à des institutionnels), de financer directement des entreprises, en leur prêtant de l’argent via des plateformes spécialisées comme Miimosa, October (qui ne finance plus de projets) ou encore Pretup. Ces plateformes mettent en relation des PME en quête de financement et des investisseurs à la recherche de rendements.

Le principe est simple : chaque investisseur prête une somme d’argent à une PME, généralement sous forme de crédit amortissable, en échange d’intérêts versés mensuellement ou trimestriellement. Les rendements affichés varient souvent entre 2 % et 11 % brut par an, avec des durées de remboursement comprises entre 6 et 60 mois, selon les projets.

​​🧪​ ​Retour d’expérience

🚨 Spoiler alert : j’ai eu la bonne idée de commencer à investir en plein COVID!

J’ai réalisé mes principaux prêts, plus de 80, sur 2 plateformes principalement (celles qui riment avec November et SevenUp).

Au début : aucune attente

Sur ce coup j’étais en mode test and learn. Pas d’attente particulière, je mettais entre 60 et 100€ par mois sur ce type d’invest, et je regardais ce que ça donne.

Pour diversifier les risques, j’ai réparti mon capital dans différents secteurs, et pays européens, avec des rendements possibles entre 2 et 10%. Je me limitais à 20€ par prêt. Mes critères de sélection incluaient :

  • Le secteur d’activité (pharmacie, marchand de biens, garage automobile, services, etc)

  • L’historique de l’entreprise demandeuse

  • Le fait que le secteur soit affecté ou non par le COVID

  • Le projet de l’entreprise. Investissement permettant le développement I’m in, mais besoin en fonds de roulement I’m out

  • Le taux de rémunération

  • L’horizon d’investissement

  • Le niveau de risque annoncé

  • Le fait que la plateforme ou un institutionnel (BPI France par ex.) ait aussi mis des billes dans le financement

  • A l’époque, le statut de prestataire de services de financement participatif (PSFP) n’existait pas, ce n’est obligatoire que depuis fin 2023.
    Mais j’avais quand même fait gaffe à vérifier que les plateformes via lesquelles j’investissais étaient connues de l’AMF (autorité des marchés financiers), enregistrées en tant que prestataire de services d’investissement et passaient par un établissement de paiement agréé par l’ACPR (lemonway par exemple, ça me rassurait).

Mes premiers filtres étaient par ordre de priorité le rendement et l’horizon d’investissement, pour ensuite m’intéresser au projet de l’entreprise.

État des lieux à date

Entre 2020 et fin 2023, j’ai investi dans 84 projets de crowdlending à destination des PME, pour un montant unitaire de 20€. Le rendement cible annuel moyen était de 8.68 % brut.

A ce jour, il y a 37 sorties positives, 11 dossiers en contentieux, 14 prêts irrécouvrables (donc des pertes sèches), et 22 prêts toujours en suivi (voir graphe ci-dessous).

Il s'agit d'un graphique représentant les prêts sains toujours en cours, ceux irrécouvrables, en contentieux, et les sorties positives

Statut des 84 investissements en crowdlending réalisés sur 2 plateformes distinctes.

Les opérations irrécouvrables ou en contentieux (que je classe en pertes futures) représente près de 30% des investissements.

Il est aussi intéressant de regarder le taux de rendement interne actuel de ces investissements sur chaque plateforme. Pour l’une d’entre elle il est de 4.77% net de défauts, avant fiscalité. Quand pour l’autre il est de -3.04% (oui oui négatif donc investissement non rentable!).

La durée moyenne d’investissement était de 41 mois, et j’ai investi en France (à 60%), en Espagne (à 31%) et aux Pays-Bas (à 9%). Et, la majorité des projets que j’ai soutenu étaient évalués à C+, soit un niveau de risque très élevé (échelle entre A+ et C ou D en général).

La graphique ci-dessous montre les différents secteurs sur lesquels j’ai “misé”. Je n’en avais pas vraiment conscience avant d’avoir fait l’exercice pour l’article. Je pensais avoir investi plus dans la santé et moins en hôtellerie restauration par exemple, surtout à cette époque.

La place des PGE

Durant la période COVID, les entreprises françaises ont pu bénéficier de mesures de soutien exceptionnelles. Certains disent que ces mesures étaient de simples perfusions sur une économie fragile. Pour certaines entreprises, ce fût effectivement le cas puisque sitôt les aides arrêtées elles ont déposé le bilan.

L’une de ces mesures phares étaient le Prêt Garanti par l’État (PGE). Durant cette période, certains prêts participatifs étaient donc garantis par l’État jusqu’à 90%.

Cela était rassurant, mais les prêts participatifs intégrants des PGE proposaient moins de rendement (entre 3 et 5 % en fonction de la notation du projet). Je n’ai donc pas pris part à énormément de ce type de prêts à l’époque.

Et, last but not least, si l'entreprise faisait faillite dans les 2 mois suivants le déboursement du prêt, la garantie d’État ne s'appliquait pas !
5 ans après, “le remboursement des PGE est conforme aux prévisions” d’après la Fédération Bancaire Française.

​​💭​ Bonne ou mauvaise idée

Tout comme on l’avait vu pour le crowdfunding immobilier, le crowdlending est risqué voire très risqué, et n’est pas adapté à tous les types de profils investisseurs.

Les avantages

  • Accessibilité : Avec des tickets d’entrée dès 20 €, c’est une porte d’entrée facile pour les particuliers.

  • Rendements potentiels : Les taux annoncés sont attractifs par rapport à d’autres types d’investissement.

  • Revenus résiduels : Tous les mois tu encaisses les intérêts et une part du capital des prêts auxquels tu as contribué.

  • Diversification : Il est possible de répartir ton capital sur plusieurs projets et plateformes, et dans d’autres pays que la France.

Les inconvénients

  • Les risques élevés : Défauts de paiement, retards, rendements non garantis, perte en capital.
    En cas de cessation de paiement définitive de la part de l’entreprise qui a contracter le prêt, prêter c’est parfois donner.

  • L’Illiquidité : Pendant la durée du prêt, tu n’as pas la possibilité de récupérer ta mise de départ en cas de besoin urgent.

👩‍⚖️​ Mon verdict

Même si l’idée de soutenir directement le tissu économique de proximité est séduisante, le crowdlending comporte des risques non négligeables : en cas de défaut de l’emprunteur, le capital investit peut être perdu en partie ou en totalité.

C’est sensible à la santé financière des entreprises financées et à la conjoncture économique. C’est d’ailleurs un bon moyen de prendre le pouls économique d’une région ou d’un secteur, d’être un peu sur le terrain et de jouer au banquier.

Et, d’une plateforme à l’autre, le processus de sélection des entreprises à financer et le suivi des prêts peuvent sembler bien différents. Panacher les secteurs économiques, et géographiques, mais aussi les plateformes permet de mutualiser les risques si on saute le pas. Le crowdlending devrait, selon moi, rester minoritaire ou à la marge dans une stratégie d’allocation globale.

Pour ma part, j’ai décidé d’arbitrer ces positions (je ne m’engage plus sur de nouveaux prêts via ces plateformes), et de réinvestir les intérêts mensuels vers d’autres supports qui soutiennent aussi le tissu économique de proximité : via mon LDDS pour la disponibilité de mes liquidités (certainement pas pour le rendement), et grâce aux FIP pour l’investissement à plus fort rendement donc plus risqué, mais avec un avantage fiscal à la clé.

C’est tout pour aujourd’hui, j’espère que tu as apprécié ce retour d’expérience💖

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Avertissement: Cet article n'a pas vocation à fournir de conseils en matière d'investissement, de fiscalité ou de droit. Il est recommandé de consulter un conseiller fiscal, juridique ou financier qui pourra vous accompagner en fonction de votre situation.

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